Dans la phase initiale de la pandémie Covid, le bourgmestre de la commune de Kraainem a décidé de distribuer des détecteurs CO₂ aux exploitants de bâtiments accessibles au public. Ainsi, la mesure de la teneur en CO₂ de l’air intérieur a pu donner une indication du degré de pollution et donc sensibiliser les exploitants à la nécessité d’une ventilation supplémentaire.
Comment vous est venue l’idée de distribuer des détecteurs CO₂ ?
Après le premier confinement, on pensait que le relâchement aurait donné lieu à la reprise de toutes sortes d’activités où le virus du COVID aurait pu à nouveau se répandre facilement et se propager via les aérosols de personnes infectées. Ceci était également confirmé par le secteur médical.
Nous avons donc mis en place certaines actions, encourageant par exemple nos résidents à confectionner eux-mêmes leurs masques buccaux.
Mais nous voulions aussi agir auprès des exploitants de commerces, de restaurants, de cabinets dentaires, d’écoles, de commissariats de police, bref, de tous les espaces accessibles au public.
Ainsi la commune a commencé à distribuer des détecteurs CO₂ afin de sensibiliser les exploitants d’espaces publics au risque de propagation dans les espaces clos où un grand nombre de personnes se rassemblent. On a également sensibilisé la population à l’importance de la ventilation, mais sans détecteur CO₂.
Cela s’est fait sur une base volontaire ?
En effet, nous avons tout d’abord donné les explications nécessaires aux commerçants, à l’ horeca, aux écoles, etc., dans le sens : ce chiffre indique la température et ce chiffre est la mesure du CO₂, et que signifie 800 ppm de CO₂ dans l’air ?
Bien entendu, cela s’est fait sur base volontaire. Nous ne pouvions certainement rien imposer à niveau communal. Au total, une centaine de détecteurs ont été répartis jusqu’au début du mois de décembre 2020, dans les lieux publics les plus divers. Dans le graphique ci-dessous, vous pouvez voir le rapport approximatif dans la distribution.
Quelle a été la réaction des habitants à cette initiative et comment s’est passé le contrôle ?
D’abord, je dois dire que notre intention n’était pas de mener une étude scientifique avec un monitorage détaillé de la qualité de l’air intérieur. Nous n’avons donc pas élaboré de statistiques avec les résultats des prises de mesure. Respectant le RGPD, nous constations également que les participants à notre « expérience » n’étaient pas disposés à recueillir eux-mêmes des chiffres à ce sujet.
Toutefois, on peut affirmer que la campagne de sensibilisation a mené à un résultat positif, non ?
De nombreux exploitants de commerces sont en effet reconnaissants de notre initiative et nous disent qu’ils donnent effectivement de l’importance à l’instrument. La semaine dernière, le gérant d’un établissement traiteur m’a raconté que la qualité de l’air dans leur commerce est en permanence « au vert » !
Notre initiative a également trouvé un écho à l’étranger. Le professeur Jimenez, de l’université du Colorado, m’a félicité pour notre action. Je tiens également à remercier les anciens collègues ET’Air d’avoir continué à accorder de l’attention à ce sujet. Sans les projets ET’Air, nous n’aurions peut-être pas eu l’idée d’utiliser les détecteurs CO₂ de façon systématique .
Quels sont les effets outre une sensibilisation générale ?
Il n’est pas possible de mesurer si notre action a permis de mieux lutter contre la propagation du virus dans notre commune, pour cela c’est un peu trop tôt , mais il est un fait que les statistiques de notre commune ne sont actuellement pas mauvaises par rapport à celles des communes voisines, malgré nos raccords directs avec la capitale bruxelloise via le métro et les autres lignes de connexion, la proximité des centres commerciaux, etc.
J’espère que les mesures ont quelque peu contribué à la lutte contre la propagation.
Avez-vu prévu des actions de suivi à cette première initiative ?
Eh bien, nous continuons à distribuer les instruments, chaque semaine on en livre quelques-uns. Pas à pas et grâce au bouche-à-oreille (au sens figuré), l’intérêt reste constant. Même les exploitants qui au début préféraient ne pas collaborer, aujourd’hui viennent nous demander un instrument de mesure.
Le fait de se trouver dans un établissement bien ventilé donne aussi un sens de sécurité aux visiteurs .
Le plus compliqué c’est les bâtiments scolaires. Ici, les moyens techniques de ventilation sont souvent très limités. Ouvrir les fenêtres régulièrement reste l’action la plus évidente, ce qui n’est certainement pas évident en hiver. On espère que le gouvernement mettra à disposition des ressources supplémentaires à très court terme.
Nous remercions vivement pour sa collaboration cet ancien collaborateur de ET’Air , actuellement bourgmestre de la belle commune de Kraainem.